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D'où vient le terme "évangile" ?

Texte tiré de cahiers Évangile N° 96 "Qu'est-ce que l'Évangile"
reproduisant une étude menée par Pierre-Marie BEAUDE

Le mot évangile vient du grec euangelion, adjectif employé comme nom, qui dérive du mot euangelos: messager (angelos) de bonheur (préfixe eu). De ce mot vient également le terme euangelizesthai, "annoncer une bonne nouvelle".

hébreu grec français

euangelion

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évangile

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basser fleche_37_bas.gif (82 octets)fleche_37_bas.gif (82 octets)fleche_37_bas.gif (82 octets)
Septante
euangelizesthai fleche_37_bas.gif (82 octets)fleche_37_bas.gif (82 octets)fleche_37_bas.gif (82 octets) annoncer une bonne nouvelle

Comme le verbe euangelizesthai traduit ordinairement dans la Septante le verbe hébraïque basser, il faut orienter la recherche dans les aires linguistiques sémitique et grecque.

Dans la bible hébraïque, dans l'ancien testament, les termes de bonne nouvelle et porteur de bonne nouvelle sont souvent utilisées dans un contexte de combat, qui concerne l'avenir du roi. Quelqu'un revient d'un champ de bataille et annonce la bonne nouvelle d'une victoire ou la mort d'un adversaire.

2 Samuel 4, 10

Celui qui m'a annoncé la mort de Saül croyait être porteur d'une bonne nouvelle (mebasser), et je l'ai saisi et exécuté à Ciqlag, pour le payer de sa bonne nouvelle (bassorah).

2 Samuel 18, 19-20

Ahimaaç, fils de Sadoq, dit: "Je vais courir et annoncer au roi cette bonne nouvelle, que Yahvé lui a rendu justice en le délivrant de ses ennemis." Mais Joab lui dit: "Tu ne serais pas un porteur d'heureux message aujourd'hui; tu le seras un autre jour, mais aujourd'hui tu ne porteras pas une bonne nouvelle, puisque le fils du roi est mort."

2 Samuel 18, 26-27

Le guetteur vit un autre homme qui courait, et le guetteur qui était sur la porte cria: "Voici un autre homme qui court seul." Et David dit: "Celui-ci est encore un messager de bon augure." Le guetteur dit: "Je reconnais la façon de courir du premier, c'est la façon de courir d'Ahimaaç, fils de Sadoq." Le roi dit: "C'est un homme de bien, il vient pour une bonne nouvelle."

On retrouve le contexte de victoire et de royauté dans la seconde partie du livre d'Isaïe, quand il s'agit de célébrer la victoire de Dieu et son règne. Le règne de Dieu est alors une bonne nouvelle dans le fait que le second Isaïe, rédigé aux environs 550 avant J.C. s'adresse aux juifs exilés, qui connaissent l'humiliation de la défaite et de la déportation en Babylonie; message d'espérance rappelant la délivrance prochaine de son peuple par Dieu, pour un retour à Jérusalem (Sion) où il règnera.

Isaïe 52, 7

Qu'ils sont beaux, sur les montagnes, les pas du porteur de  bonnes nouvelles, (mebasser) qui proclame la paix, qui annonce de bonnes nouvelles (mebasser) qui proclame le salut, qui dit à Sion: "ton Dieu règne."

Isaïe 61, 1-2

L'Esprit du Seigneur YHWH est sur moi, le Seigneur en effet a fait de moi un messie, il m'a envoyé porter de bonnes nouvelles (lebasser) aux pauvres, panser les cœurs meurtris, annoncer aux captifs la libération et aux prisonniers la délivrance, proclamer une année de grâce de la part de YHWH...

Au chapitre 61 d'Isaïe, c'est le Messie, l'oint de Yahvé qui est porteur de bonnes nouvelles. Le message s'adresse aux pauvres, aux prisonniers.

Avec ces textes d'Isaïe, les figures de la royauté, du règne, de la puissance sont reliées au Dieu d'Israël. La bonne nouvelle est que le règne de Dieu restaurera la paix et la prospérité pour son peuple exilé, pour les pauvres et les affligés.

Les écrivains du Nouveau Testament n'oublieront pas les textes du livre d'Isaïe au moment de parler de Jésus et de ses envoyés porteurs de bonne nouvelle. C'est ainsi que Paul reprendra le verset d'Isaïe "Qu'ils sont beaux les pieds des messagers de bonnes nouvelles" (Rm 10, 15) dans un passage où il entend montrer que les juifs et les païens ont le même Seigneur Jésus.

Il faut aussi garder à l'esprit que l'idée de bonne nouvelle est régulièrement utilisée dans des textes grecs parlant de l'empereur et de son culte; ceci conformément à un usage fréquent dans le monde hellénistique pour qui l'accession d'un empereur au trône est l'exemple parfait de la bonne nouvelle. L'empereur n'est pas considéré comme un simple humain. Son arrivée au pouvoir est considérée comme le signe d'une nouvelle joyeuse pour l'humanité entière.

Inscription de Priène, près de Milet
9 avant notre ère.

"Chacun peut considérer avec raison cet évènement [la naissance de l'empereur Auguste] comme le temps à partir duquel on ne doit pas regretter d'être né [...] Le jour de la naissance du Dieu [Auguste] marqua pour le monde le commencement des bonnes nouvelles (ta euangelia) qu'il apportait.

 

On retiendra donc, au moment d'entamer l'étude des textes chrétiens, l'existence de thèmes  communs au second Isaïe et au culte de l'empereur: le thème du règne, une certaine idée d'universel de l'annonce. Dans un monde qui célèbre comme évangile l'arrivée d'un souverain, un autre Évangile se prépare à bouleverser le monde, celui d'un crucifié que Dieu a fait Seigneur et Christ.

 

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