CONSTITUTION DU CANON DE LA BIBLE

Le Canon (du Grec Kanôn = règle), désigne l'ensemble des Livres reconnus comme inspirés par une communauté religieuse, quelle soit juive ou chrétienne, catholique ou protestante. Inspirés ... le terme est très important car c'est justement ce caractère là qui de mon point de vue détermine la nécessité de constitution d'un Canon. En effet, n'oublions pas que la Bible ne raconte pas une histoire comme les autres; Dieu nous parle au travers des écrits de la Bible, c'est réellement sa parole qui nous est transmise par l'intermédiaire des différents auteurs de ces écrits, qu'ils soient Prophètes ou Patriarches pour l'Ancien Testament, ou encore Apôtres inspirés par l'Esprit Saint pour le Nouveau Testament. L'Écriture ne peut être récusée (Jn 10 - 35); comment alors ne pas attacher le plus haut prix, les plus grandes précautions, au choix des livres qui composent la parole même de Dieu.

Il faut faire très attention de ne pas confondre canonicité d'un livre (le fait d'être inscrit dans ce canon) et authenticité: est authentique un livre qui a bien été écrit par l'auteur auquel il est attribué. Par exemple, la finale de Mc (16,9-20) n'est pas authentique, mais elle est canonique.

C'est le processus qui a conduit à l'édification de ce Canon que je vous propose d'examiner maintenant en deux parties, la première consacrée au Canon de l'Ancien Testament, la seconde au Canon du Nouveau Testament.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE CANON DE L'ANCIEN TESTAMENT

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En germe depuis fort longtemps, c'est au synode de Yabnéh (aujourd'hui Yebnah près de Jaffa) entre 90 et 100 que fut clos le Canon Hébraïque. Le caractère commun à ces ouvrages était d'être rédigé en Hébreu, devenu langue de sainteté. Les textes rédigés en grec ou seulement connus en Grec n'accédèrent pas au Canon de la communauté Juive. Il en fut ainsi de 7 des ouvrages de la traduction en grec dite des Septante: ce sont les fameux Livres Deutérocanoniques.

Là ne s'arrêtent pas les différences entre le texte hébreu et sa traduction grecque. Ce sont, entre autre, ces divergences qui amenèrent tour à tour les prosélytes Aquila, puis Théodotion et enfin Symmaque à remanier plus ou moins en profondeur le texte des Septante pour mieux le rendre plus fidèle à l'original hébreu. La communauté chrétienne reçut les Livres saints par la canal des Septante, ce qui explique l'adoption des Livres Deutérocanoniques dans son Canon.

En particulier le formidable travail réalisé par Origène sous la forme des Hexaples, c'est-à-dire les six textes qui permettaient de confronter en colonnes l'hébreu et les différentes traductions grecques, fut bien reçu par Saint Jérôme. Reconnu comme le plus érudit des Pères Apostoliques, Jérôme se vu confié par le Pape Damase la lourde tâche de réviser en profondeur la version grecque des Septante. Palestinien d'adoption installé à Bethléem, maîtrisant parfaitement l'hébreu, Saint Jérôme était un partisan du Canon Hébraïque; il s'aperçut très rapidement de la nécessité de revenir directement au texte Hébreu en consultant les meilleurs manuscrits de l'Ancien testament. De ce travail formidable naquit la version latine de la VULGATE qui devint la version authentique de l' Église latine.

Lors de la Réforme, au XVIième siècle, les protestants suivirent Saint Jérôme en rejetant les livres Deutérocanoniques en finale de leur Bible d'où ils finirent par disparaître au XIXième siècle. Les catholiques au concile de Trente reconnurent ces livres comme inspirés au même titre que les autres et les inclurent dans le Canon des Écritures.

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LE CANON DU NOUVEAU TESTAMENT

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Le Canon du Nouveau Testament tel que nous le recevons aujourd'hui date de l'an 367. "Il prit sa forme définitive en Orient avec Athanase d'Alexandrie qui, dans sa lettre Pascale de 367 dressa une liste des 27 écrits.". Sa constitution s'est faite progressivement, par tâtonnements, l'Église admettant ici certains livres et en en rejetant d'autres dans le respect de la tradition apostolique reconnue et acceptée comme un fait.

Dès 150, existent des listes correspondants à peu près au canon actuel. La canonicité des 4 Évangiles y est déjà affirmée, les livres parfois contestés sont l'épître aux Hébreux, celle de Jacques et 1 et 2 Pierre. Plusieurs témoignages en attestent.

- Tout d'abord le fragment de Muratori, désigné par le nom du bibliothécaire Milanais qui le découvrit en 1740, conserve sur un manuscrit du VIIIième siècle, la liste des livres officiellement lus vers 180. Mt n'est pas expressément nommé, mais ont admet qu'il était mentionné, car le fragment est amputé de son début, et Lc puis Jn sont qualifiés de "troisième" puis "quatrième" Évangiles.

- Vers 172, Tatien publie le Diatessaron, ouvrage composé à partir des 4 Évangiles qu'il a connu à Rome. A ses yeux, les autres écrits apocryphes n'avaient pas de valeur.

- Dès l'an 200, l'église d'Afrique utilise des versions latines [Itala ou Vieille Latine] des quatre Évangiles, datés d'entre 160 et 180.

- Nul mieux qu'Irénée (mort vers 202) n'a connu par un contact personnel et immédiat l'Église catholique; il affirme très clairement que les évangiles "ne sont ni plus ni moins nombreux que ceux que nous possédons".

Au IVième siècle, le canon est fixé, avec quelques nuances selon les Églises.

- Dans l'Église grecque, Eusèbe de Césarée (mort en 340) reconnaît le canon actuel, sauf l'Apocalypse. Il est complété en 367 par Athanase qui dresse une liste de 27 livres  semblable à celle que nous avons aujourd'hui, sans que pour autant on puisse dire que la chose soit universellement reconnue.

- Dans l'Église latine, Jérôme adopte lors de sa traduction de la Vulgate, la liste d'Athanase.

- Le concile de Rome en 382 reproduit dans un décret attribué au Pape Damase, la même liste de 27 livres et utilise l'expression "Tel est le canon du Nouveau Testament".

C'est au IIIième concile de Carthage en 397 que l'on trouve un acte officiel de l'Église sur le sujet.

On peut identifier 3 principales motivations qui ont conduit à l'édification du canon du nouveau testament, 3 critères qui ont ainsi joué pour admettre ou rejeter des textes du canon.

  1. A la base du raisonnement est placé le principe de la tradition apostolique selon lequel un respect tout particulier était accordé aux témoignages remontant à Jésus en personne et à ses Apôtres.

  2. Un autre fait a compté davantage encore, lorsque le texte concerné était reçu "universellement", c'est-à-dire admis dans l'ensemble des Églises, disséminées sur le littoral méditerranéen.

  3. Si l'un des textes retenu est "édifiant" pour l'Église (c'est-à-dire qu'il participe à sa construction) c'est qu'il est inspiré par l'Esprit Saint.

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